Les scientifiques se mobilisent depuis le début de la pandémie, mais aucun traitement préventif efficace n'est encore disponible. Quelques traitements curatifs sont d'ores et déjà disponibles. L'une des pistes de recherches consiste à repositionner des médicaments, c'est-à-dire évaluer un médicament dans une autre indication que celle pour laquelle il est déjà commercialisé.
La prise en charge de la Covid-19 est dite "symptomatique" (elle vise à soulager les symptômes) à l'aide de médicaments contre la fièvre (paracétamol) en cas de forme légère. Chez les personnes les plus susceptibles de développer une forme grave, les traitements par anticorps monoclonaux administrés en début d'infection permettent d'aider le système immunitaire à mieux résister au virus.
La prise en charge des cas graves a aussi évolué avec un recours plus important à l'oxygénothérapie à haut débit (l'air est envoyé dans les poumons via une canule nasale). Lorsque cela ne suffit pas, une ventilation mécanique non invasive (VNI)est mise en place au moyen d’un masque insufflant de l’air enrichi en oxygène sous pression. Une ventilation mécanique invasive (VI) peut aussi être nécessaire : les patients sont alors sédatés et placés sous respirateur artificiel (intubation de la trachée au moyen d’une sonde).
Quels sont les traitements contre la Covid-19 disponibles en France ?
Depuis l'émergence de la Covid-19, les scientifiques se sont mobilisés pour mettre au point des traitements pour lutter contre la Covid-19. En France, 4 traitements font actuellement l'objet d'un accès précoce pour la prise en charge des personnes à haut risque de forme grave de la maladie Covid-19. Selon un communiqué de l'ANSM publié le 24 février, voici les médicaments autorisés dans l'hexagone.
Trois traitements curatif sont actuellement disponibles pour les patients à risque élevé d'évolution d'une forme grave de la Covid-19 :
- Xevudy (sotrovimab) : son utilisation est possible chez les patients infectés par le Sars-CoV-2, y compris ceux infectés par le variant Omicron.
- Paxlovid (nirmatrelvir PF-07321332 / ritonavir) : son utilisation est possible chez les patients infectés par le Sars-CoV-2, y compris ceux infectés par le variant Omicron.
- Ronapreve (casirivimab/imdevimab) : son utilisation demeure possible en curatif chez les patients infectés par le variant Delta. Un criblage doit donc être réalisé avant l'administration de Ronapreve. En présence du variant Omicron, Ronapreve ne doit pas être administré.
Pour l'heure, un seul traitement peut être administré en prophylaxie pré-exposition :
- Evusheld (tixagévimab/cilgavimab) : disponible en ambulatoire sur prescription hospitalière ; seul Evusheld peut être utilisé dans cette indication en raison de la présence désormais majoritaire du variant Omicron dans la population.
Un seul médicament est actuellement recommandé en prophylaxie post-exposition (patient cas contact) :
- Ronapreve (casirivimab/imdevimab) : son utilisation demeure possible en post-exposition uniquement chez les patients exposés au variant Delta. Par conséquent, il est nécessaire de disposer du résultat du criblage du patient index (= la personne ayant contracté le Covid-19 et avec laquelle la personne concernée a été en contact). En présence du variant Omicron, Ronapreve ne doit pas être administré.
Traitements par anticorps monoclonaux : qui est concerné ? comment ça marche ?
Les premiers traitements par anticorps monoclonaux administrés dans le cadre de la Covid-19 sont autorisés en France depuis le 15 mars 2021 (autorisation de l'Agence française du médicament (ANSM).
Qui est concerné par les traitements par anticorps monoclonaux ?
Les traitements bénéficiant d'une autorisation temporaire d'utilisation en France concernent les patients à risque élevé de développer une forme grave de Covid-19 ou qui présentent un déficit immunitaire (par exemple, ceux qui ne répondent pas au vaccin). Voici la catégorie de patients éligibles à ces bithérapies (communiqué ANSM du 08 juin 2021) :
- les patients immunodéprimées ne développant pas de réponse immunitaire malgré un schéma de vaccination complet ;
- les patients non éligibles à la vaccination et qui sont à risque de développer des formes graves de Covid-19 en raison d'un âge avancé ou de la présence de comorbidités ;
- "aux enfants âgés de 12 ans et plus, à risque élevé de développer une forme grave de la Covid-19, notamment en raison d'une immunodépression sévère ;
- les patients présentant une pathologie chronique, quel que soit leur âge à partir de 12 ans, tels qu'une obésité, une hypertension artérielle compliquée, un diabète ou une insuffisance rénale/respiratoire chronique ;
- les patients ayant une infection par le VIH non contrôlée ou au stade sida".
Les médicaments concernés par ces autorisations temporaires d'utilisation sont :
- la bithérapie casirivimab/imdevimab (traitement Ronapreve) du laboratoire Roche ;
- la bithérapie bamlanivimab/etesevimab du laboratoire Lilly France.
Comment fonctionnent les traitements par anticorps monoclonaux ?
Ces anticorps monoclonaux sont conçus pour cibler spécifiquement la protéine S située à la surface du SARS-CoV-2, neutralisant ainsi la capacité du virus à se fixer et à pénétrer dans les cellules humaines. Ce type de traitement diminue le risque d’hospitalisation et de décès. En revanche, il fonctionne plus ou moins bien selon les variants. Ainsi, le bamlanivimab n’est pas actif contre le variant Delta. Le sotrovimab du laboratoire GSK semble, en revanche, capable de neutraliser tous les variants identifiés à ce jour. Mais il n’est pas encore autorisé.
L'Académie de médecine s'était prononcée, début février 2021, en faveur de ce type de traitement. « Les anticorps monoclonaux anti-SARS-CoV-2 sont dépourvus de risque infectieux, leur activité neutralisante sur le virus et ses variants est bien caractérisée.
Quand faut-il administrer les traitements par anticorps monoclonaux ?
Ces traitements par anticorps monoclonaux ne sont efficaces que s’ils sont injectés précocement. Ces traitements doivent être administrés de façon précoce dans un délai maximal de 5 jours après le début des symptômes. Leur administration se fait par voie intraveineuse à l'hôpital (une perfusion unique). Une seule dose suffit à protéger un cas contact ou une personne récemment infectée. « En traitement préventif chez un patient à haut risque, il faudra réadministrer le produit », explique le Pr Watier, chef du service d'immunologie au CHU de Tours. Pour l’heure, les réseaux de pharmacovigilance n’ont pas enregistré d’effets secondaires notables.
La Haute Autorité de santé accorde l'accès précoce au Xevudy en traitement curatif
La Haute Autorité de santé (HAS) a délivré une autorisation d'accès précoce à l'anticorps monoclonal Xevudy au 7 janvier afin de lutter contre la Covid-19 et de limiter les conséquences de l'épidémie. Cette autorisation d'accès précoce fait suite à l'autorisation de mise sur le marché de l'Agence européenne du médicament (EMA) obtenu le 17 décembre dernier. Ce traitement curatif est une solution à diluer pour perfusion (sotrovimab). Selon l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), le Xevudy devrait être disponible en France d'ici fin janvier 2022.
Cet anticorps monoclonal est destiné aux adultes et adolescents de 12 ans et plus pesant au moins 40 kg et infectés par la Covid-19. Il concerne les personnes ne nécessitant pas de supplémentation en oxygène mais qui présentent un risque de développer une forme sévère de la maladie. Dans son communiqué, la HAS précise que ce traitement, à la différence des précédents, présente un mécanisme d'action qui permet d'espérer le maintien de son efficacité sur les variants, y compris le variant omicron. L'efficacité de cet anticorps monoclonal Xevudy a été démontrée au cours de l'étude COMET-ICE, avec une réduction du risque de progression vers une forme sévère de la COVID-19 (hospitalisation de plus de 24 heures ou décès) de 80 %.
Xevudy est un médicament réservé à l'usage hospitalier, selon la procédure des médicaments autorisés en accès précoce. La dose recommandée est une perfusion IV unique de 500 mg, administrée en 30 minutes, dans les 5 jours qui suivent l'apparition des symptômes de l'infection.
La HAS autorise l'utilisation de l'Evusheld, du laboratoire AstraZeneca
Vendredi 9 décembre, la Haute Autorité de santé a autorisé l'utilisation de l'Evusheld (tixagévimab-cilgavimab), du laboratoire AstraZeneca. Ce traitement est conçu pour les patients de 18 ans et plus à très haut risque de forme sévère de la Covid-19 qui sont mal ou pas protégés par la vaccination et ceux qui n'y sont pas éligibles.
Il est administré par voie intramusculaire et son efficacité est obtenue 14 jours après son administration. Selon les résultats consultés par la HAS, le traitement réduit l'incidence des cas d'infections symptomatiques d'environ 80 % et apporte une durée de protection d'au moins six mois après l'administration d'une dose unique.
En raison d'un risque cardiovasculaire identifié lors des essais cliniques, la HAS recommande toutefois de ne pas administrer Evusheld aux personnes ayant au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire (dyslipidémie, diabète, obésité, hypertension, tabagisme, âge avancé, etc).
L'Agence européenne des médicaments approuve le Regkirona
Jeudi 11 novembre, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé la mise sur le marché d'un traitement par anticorps contre le coronavirus : le Regkirona (un traitement de la société sud-coréenne Celltrion à base de regdanvimab). Son utilisation a été autorisée pour le traitement des adultes atteints de Covid-19 qui n'ont pas besoin d'oxygène supplémentaire et qui présentent également un risque accru de gravité de leur maladie.
Trois autres traitements sont en cours d’analyses : Kineret, Olumiant et RoActemra.
Anticorps monoclonaux : les autorités sanitaires retirent certains traitements du marché faute d’efficacité face à Omicron
Face au variant Omicron, désormais majoritaire en France, les autorités sanitaires ont dû revoir leur copie concernant les traitements à base d’anticorps monoclonaux à employer.
Jusqu’alors, l’arsenal thérapeutique pour la prise en charge des personnes à haut risque de forme grave de la maladie Covid-19 comprenait trois types d’anticorps monoclonaux : Ronapreve (casirivimab/ imdevimab, Roche/Regeneron), Evusheld (tixagévimab/cilgavimab, AstraZeneca), et Bamlanivimab/etesivimab (Lilly).
Malheureusement, la donne a changé avec l’arrivée du variant Omicron. Et désormais, aucun de ces trois traitements n’est véritablement efficace contre le nouveau variant, ce qui a poussé les autorités de santé à mettre à jour leurs recommandations.
La Direction générale de la santé, dans un courrier urgent adressé à l’ensemble de professionnels de santé, fait part d’une “perte totale d’activité neutralisante “ pour plusieurs types d’anticorps monoclonaux vis-à-vis d’Omicron.
Seule la bithérapie AstraZeneca, à base Tixagevimab de Cilgavimab (Evusheld®), “conserve une activité neutralisante malgré une perte partielle d’activité sur Omicron”.
En revanche, en traitement curatif et en présence du variant Omicron, Ronapreve ne doit pas être administré, écrit l’ANSM dans un communiqué (Source 1). “En prophylaxie pré-exposition, seul Evusheld peut être utilisé dans cette indication en raison de la présence désormais majoritaire du variant Omicron dans la population. Ronapreve ne doit plus être utilisé”, écrit encore l’agence. Enfin, en prophylaxie post-exposition, et en présence du variant Omicron, Ronapreve ne doit pas être administré. Rappelons qu’un traitement prophylactique vise à prévenir l'apparition, la propagation ou l'aggravation d'une maladie, en l’occurence la Covid-19 et ses formes graves.
Quant au Bamlanivimab/etesivimab commercialisé par le géant Eli Lilly, son activité étant jugée “non optimale sur le variant Delta et inactif sur le variant Omicron”, son autorisation temporaire d’utilisation est suspendue depuis le 31 décembre 2021.
En somme, il n’y plus en France actuellement de traitement par anticorps monoclonaux disponibles pour traiter les cas de Covid-19 liés au variant Omicron une fois qu’ils sont déclarés. Car l’Evusheld d’AstraZeneca ne demeure autorisé que de manière préventive.
L’ANSM se veut toutefois rassurante, en précisant que “d’autres traitements curatifs sont en cours d’évaluation et devraient être prochainement disponibles en France.”
Antiviral Paxlovid® : désormais disponible en pharmacie
La Haute autorité de santé (HAS) a donné son feu vert à l'utilisation de l'antiviral Paxlovid comme traitement curatif contre le Covid 19. "La HAS autorise l'accès précoce au traitement Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir) du laboratoire Pfizer pour les adultes atteints de Covid-19 ne nécessitant pas d'oxygénothérapie et à risque élevé d'évolution vers une forme grave de la maladie", précise-t-elle dans un communiqué paru le 21 janvier 2022.
Et de justifier : "Les données disponibles pour évaluer l’efficacité de ce traitement ont démontré une réduction du risque de progression vers une forme sévère de la Covid-19 (hospitalisation ou décès) d’environ 85,2 % après son administration. De plus, le mécanisme d’action du Paxlovid® laisse espérer une efficacité maintenue sur les différents variants, y compris Omicron. Des données préliminaires in vitro suggèrent en effet que les variants préoccupants qui circulent actuellement sont sensibles au traitement".
Le Paxlovid® est le premier antiviral anti-SARS-CoV-2 à obtenir une autorisation d’accès précoce. Il se présente sous forme de comprimés (2 comprimés de nirmatrelvir PF-07321332 et 1 comprimé de ritonavir) à prendre par voie orale, deux fois par jour, pendant cinq jours. La HAS recommande de l’administrer dès que possible après le diagnostic positif à la Covid-19, et au maximum dans les cinq jours suivant l'apparition des symptômes. Il est contre-indiqué chez les personnes avec une insuffisance hépatique sévère ou une insuffisance rénale sévère. La HAS pointe également le risque important d'interactions médicamenteuses pour les patients qui prennent un autre traitement.
Ce traitement est disponible dans les pharmacies françaises depuis le 4 février, uniquement pour les personnes immunodéprimées. La France est ainsi le premier pays d’Europe à autoriser sa vente. Le médicament est disponible uniquement sur prescription d’un médecin qui s’assurera que tous les critères sont bien remplis. Le médecin fournira ensuite une ordonnance spécifique dôtée d’un QR code. Ce code "permettra au pharmacien de s’assurer que l’éligibilité du traitement a été validée par le prescripteur. La commande est passée par le pharmacien après remise de l’ordonnance par le patient", précise l’Ordre des pharmaciens.
À noter : le prix du Paxlovid n’est pas encore connu mais il sera remboursé par la Sécurité sociale. Au total, 500 000 doses ont été commandées par les autorités françaises pour l’année 2022.
Le traitement de Pfizer efficace à 89 % contre les hospitalisations et décès
Le laboratoire américain Pfizer a annoncé, dans un communiqué publié le 5 novembre, que son antiviral contre le Sars-CoV-2 était efficace à 89 % pour prévenir le risque d'hospitalisation ou de décès, selon les premiers résultats d'essais cliniques. Baptisé Paxlovid, ce traitement pourrait s'inscrire prochainement dans la lutte contre la pandémie (en complément des vaccins).
Les premiers résultats du laboratoire sont fondés sur des essais cliniques rassemblant plus de 1 200 adultes ayant contracté la Covid-19 et présentant un risque de développer un cas grave de la maladie. Dans les jours suivant l'apparition des symptômes, certains ont reçu la pilule de Pfizer, et d'autres un placebo. Au total, 10 personnes sont mortes parmi les patients ayant reçu le placebo contre zéro décès dans le groupe ayant reçu le traitement.
"L’analyse intermédiaire a montré une réduction de 89 % du risque d’hospitalisation liée au Covid-19 et de décès de n’importe quelle cause, en comparaison à un placebo chez les patients traités dans les trois jours suivant l’apparition des symptômes", déclare le laboratoire dans son communiqué. L’essai comportera au total 3 000 personnes, mais les recrutements ont désormais été stoppés "face à l’efficacité écrasante" du traitement dans les premiers résultats. "Ces résultats indiquent que Paxlovid réduisait le risque d'hospitalisation et de décès lorsque le traitement était administré dans les 5 jours suivant le début des symptômes", indique l'EMA.
Le traitement devrait s'étendre sur cinq jours. Il n'est pas recommandé pendant la grossesse et chez les personnes susceptibles de tomber enceintes. L'allaitement devrait aussi être interrompu lors de la prise du traitement. Les effets secondaires les plus courants étaient une perturbation du goût, une diarrhée et des nausées.
Xav-19 : le traitement du laboratoire français Xenothera, refusé par l'ANSM
Vendredi 28 janvier 2022, l'Agence Nationale du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) a rejeté la demande d'autorisation du XAV-19 faute d' "intérêt thérapeutique". Très prometteur, le XAV-19 (développé par Xenothera, un laboratoire de biotechnologies basé à Nantes) fonctionnait sur la base d'anticorps polyclonaux censés imiter la réponse immunitaire de l'organisme pour "attaquer" le coronavirus SARS-CoV-2. Ce médicament devait s'adresser aux patients souffrant d'un Covid-19 modéré et servir à prévenir l'aggravation de la maladie.
Fin 2021, l'État français s'était engagé à en acheter 30 000 doses sous réserve de validation par les autorités sanitaires. Mais "à ce stade, les données fournies par le laboratoire ne permettent pas de démontrer cliniquement l'intérêt thérapeutique des anticorps polyclonaux [contre le Covid-19]" justifie l'ANSM qui ajoute que "des données complémentaires seront nécessaires pour évaluer un intérêt de ce traitement pour les patients atteints de Covid-19".
Antiviral molnupiravir (Lagevrio®) : pas d'accès précoce autorisé en France
L'Agence européenne des médicaments (EMA) a publié le 19 novembre un avis favorable à l'utilisation de la "pilule anti-Covid" du laboratoire Merck : Lagevrio®. Dans un communiqué publié le jour même, elle indique que ce traitement à base de molnupiravir réduit la capacité du SARS-CoV-2 à se multiplier dans le corps. Pour ce faire, il augmente le nombre d'altérations (mutations) dans le matériel génétique du virus (appelé ARN) d'une manière qui nuit à la capacité du SARS-CoV-2 à se multiplier. "Le médicament, qui n'est actuellement pas autorisé dans l'Union européenne (UE), peut être utilisé pour traiter les adultes atteints de COVID-19 qui n'ont pas besoin d'oxygène supplémentaire et qui présentent un risque accru de développer un COVID-19 sévère", explique l'Agence.
Le traitement doit être administré dès que possible après le diagnostic et dans les 5 jours suivant le début des symptômes. Disponible sous forme de gélules, il doit être pris deux fois par jour pendant 5 jours. Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés pendant le traitement et dans les 14 jours suivant la dernière dose étaient des diarrhées, nausées, vertiges et maux de tête, tous légers ou modérés.
En France, la Haute Autorité de santé (HAS) a toutefois refusé d'accorder une autorisation d'accès précoce au molnupiravir en "traitement curatif des formes légères et modérées de Covid-19" (avis rendu public le 10 décembre). Elle estime que le traitement n'est pas assez performant au regard de ce qui existe déjà et refuse donc sa distribution : "Les résultats d'efficacité avancés par le laboratoire sont moins bons que ceux des traitements disponibles : 30 % de réduction des risques de progression vers la forme grave de la Covid-19 (...) alors que l'efficacité pour les anticorps monoclonaux casirivimab-imdevimab est d'environ 80 % sur ce même critère".
Fin octobre, la France avait pourtant commandé 50 000 doses de Lagevrio®. Le soir même, le ministère de la Santé a dit "prendre acte" de la décision de la HAS, et assuré que sa commande était conditionnée à l'autorisation précoce de la HAS. "Les échanges avec l'Agence européenne des médicaments (EMA) continuent et une décision européenne concernant la demande d'autorisation de mise sur le marché est attendue début d'année 2022", précise-t-il dans un communiqué.
Le médicament antiviral de Merck a été approuvé le 4 novembre par le Royaume-Uni pour une utilisation chez les personnes souffrant d'un Covid léger à modéré et présentant au moins un facteur de risque de développer une maladie grave (obésité, plus de 60 ans, diabète, maladies cardiaques). Le pays est donc devenu le premier à autoriser le Molnupiravir "C'est un jour historique pour notre pays, car le Royaume-Uni est désormais le premier pays au monde à approuver un antiviral qui peut être pris à la maison contre le Covid-19", a déclaré le ministre de la Santé, Sajid Javid, dans un communiqué.
Jeudi 16 décembre, le Danemark est devenu le premier pays de l’UE à autoriser la pilule anti-covid de Merck. "Nous recommandons le traitement par cachets car nous pensons que les avantages l’emportent sur les inconvénients pour les patients qui ont le plus grand risque de devenir gravement malades du Covid-19", a annoncé une responsable de l’Agence nationale de santé danoise (SST), Kirstine Moll Harboe, dans un communiqué. "Nous sommes pleinement conscients qu’il s’agit d’un traitement nouveau et non approuvé sur lequel nous n’avons pas encore beaucoup de connaissances", a reconnu SST qui assure suivre de près les effets du traitement.
Des corticostéroïdes pour soigner les enfants atteints du syndrome inflammatoire généralisé ?
L'Organisation mondiale de la santé a publié le 23 novembre un avis avec une mise à jour des directives à suivre sur la prise en charge du syndrome inflammatoire multisystémique (ou généralisé) chez les enfants associé au Covid-19 (MIS-C). L'OMS recommande l'utilisation de corticostéroïdes chez les enfants hospitalisés à cause du Covid-19 (âgés de 0 à 18 ans) et atteints de cette maladie, en plus du traitement et des soins de soutien. Cette recommandation fait suite à la publication de trois études d'observation regroupant les données de 885 patients au total.
Le syndrome inflammatoire généralisé est une maladie rare mais grave dont les enfants qui en souffrent et atteints du Covid-19, développent une inflammation affectant différents organes du corps. Les enfants atteints de cette maladie ont besoin de soins spécialisés et peuvent être admis en soins intensifs. Dans la majorité des cas, les enfants atteints de cette maladie associée au Covid-19 se rétablissent avec les soins médicaux appropriés.
Peut-on utiliser l'aspirine et l'ibuprofène contre la fièvre ?
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) réduisent la douleur, la fièvre et l'inflammation. En mars 2020, suite aux messages des autorités sanitaires indiquant que l'ibuprofène et l'aspirine pouvaient aggraver l’infection au SARS-CoV-2, leur utilisation a été limitée, au profit du paracétamol.
Depuis cette mise en garde, plusieurs études ont été menées en 2021 sur l'utilisation des AINS chez un patient Covid. Aucune n'a permis de confirmer que ces médicaments étaient un facteur d'aggravation de la maladie. Suite à cette réévaluation scientifique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Agence européenne du médicament (EMA) sont revenues sur leurs recommandations. Elles recommandent désormais l’ibuprofène pour traiter les douleurs et la fièvre en cas de Covid-19.
En France, l’Agence de la sécurité du médicament (ASNM) a souligné, depuis le 10 novembre 2021, que les AINS peuvent être utilisés selon les règles de prescription usuelles chez les patients douloureux au cours du Covid long.
Fluvoxamine : un antidépresseur efficace pour réduire les formes graves de Covid-19 ?
Le Fluvoxamine, commercialisé sous le nom de Froxyfral®, appartient à la famille des antidépresseurs. Il est disponible sur ordonnance, notamment en cas d'épisodes dépressifs majeurs et les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), et est produit par le laboratoire Mylan. Selon des travaux publiés le 27 octobre 2021 dans la revue Lancet Global Health, il pourrait diminuer le risque de développer une forme grave du Covid-19.
Les chercheurs ont mené leur essai clinique avec 1 500 volontaires âgés de 50 ans en moyenne (dont 58 % de femmes). Tous était malades et présentaient au moins une comorbidité les exposant à un risque accru de forme grave de Covid-19. Les volontaires (tous hospitalisés au Brésil, dans 11 hôpitaux différents) ont été répartis en deux groupe : le premier groupe a été traité avec le fluvoxamine (100 mg, deux fois par jour pendant dix jours) ; le deuxième a été traité avec un placebo.
Résultat ? Parmi les participants du premier groupe, 79 personnes sur 741 (soit 11 %) sont restées plus de 6 heures dans une unité Covid-19 à l'hôpital, contre 119 personnes sur 756 (16 %) pour le groupe placebo. Les chercheurs en ont donc conclu que la fluvoxamine pourrait réduire d'environ 32 % le risque d'une hospitalisation prolongée après une infection par le coronavirus SARS-CoV-2. Ils estiment aussi que la fluvoxamine pourrait réduire le risque de décès en cas de Covid-19 (17 personnes sont mortes du coronavirus dans le premier groupe, contre 25 dans le groupe placebo).
En août 2021, une étude co-dirigée par l'Université McMaster (dans l'Ontario, au Canada) avait déjà montré que la molécule pouvait réduire le risque d'hospitalisation suite à une infection au Covid-19 de près d'un tiers. Il faut cependant rester particulièrement prudent face à ces résultats qui ne concernent qu'un faible nombre de patients. Des études complémentaires sont nécessaires pour les confirmer.
Ivermectine : l'utilité de la molécule fait débat, une étude sur l'animal prometteuse
Depuis l’apparition dunouveau coronavirus SARS-CoV-2, des équipes de recherche se sont penchées sur des stratégies de repositionnement thérapeutique. C'est dans ce contexte qu'un traitement antiparasitaire, l’ivermectine, fait parler de lui. Possédant des propriétés anti-inflammatoires intéressantes, ce médicament est utilisé dans le traitement de plusieurs pathologies dont la gale. Toutefois, son efficacité contre la Cocivd-19 reste encore clairement à démontrer en raison du peu d'essais publiés dans ce domaine mettant en avant des résultats cliniques prometteurs. Et ce d'autant que la majorité des travaux n’ont été publiés qu’en préprint et/ou sont limités par des biais méthodologiques.
Enfin, la question de sa dose efficace n’est pas résolue tout comme son positionnement thérapeutique, c'est pourquoi cette molécule n’est pas encore recommandée pour le traitement ou la prévention du Covid-19 hors cadre d’un essai clinique. Plusieurs essais sont en cours pour répondre à toutes ces questions, mais en attendant deux agences sanitaires françaises, l'Agence française du médicament (ANSM) et le Haut Conseil de la santé publique (avis du 28 janvier 2021), estiment son bénéfice insuffisant. En effet, l'ANSM a décidé de rejeter la recommandation temporaire d'utilisation (RTU) de l’ivermectine pour la prise en charge de la Covid-19 (communiqué ANSM, 1er avril 2021).
Si le profil de sécurité de ce médicament antiparasitaire est bien connu grâce à ses années d'utilisation dans le cadre de ses indications autorisées (AMM), son bénéfice clinique face à la Covid-19 n'a pas été jugé suffisant par l'ANSM qui a analysé toutes les données publiées disponibles à ce jour : "Nous ne pouvons pas présumer d'un rapport bénéfice/risque favorable de l'ivermectine en traitement curatif ou en prévention de la Covid-19." L'ANSM souligne toutefois la nécessité de mettre en place de larges études cliniques randomisées "en vue de conclure sur la base d'une méthodologie adaptée à la possible utilisation de l'ivermectine dans le contexte de la maladie Covid-19".
Mais une nouvelle étude menée en laboratoire relance l'intérêt pour cette molécule controversée. Publié le 12 juillet 2021 dans la revue scientifique « EMBO Molecular Medicine » par des chercheurs de l'Institut Pasteur, le document affirme que l’ivermectine protège des symptômes cliniques du Covid-19, notamment la perte de l'odorat, et la gravité de l’infection dans un modèle animal : le hamster. Concrètement, la prise d’ivermectine à des doses standard (400 µg/kg) serait associée à une limitation de l’inflammation des voies respiratoires et des symptômes qui en découlent. Reste que ces effets bénéfiques sont fortement influencés par le sexe, les femelles présentant les meilleurs résultats.
« Nous avons choisi d’étudier l’ivermectine car c’est un modulateur allostérique du récepteur nicotinique de l’acétylcholine (nAChR). Ce choix a été basé sur l’hypothèse que le récepteur nAChR joue un rôle critique dans la pathophysiologie de l’infection à SARS-CoV-2 et pourrait représenter une cible pour la prévention et le contrôle de l’infection.» précise Guilherme Dias de Melo, premier auteur de l’étude. L’ivermectine agit sur la modulation de la réponse immunitaire des animaux infectés, et permet de diminuer l’inflammation au niveau des voies respiratoires. C'est cet effet immunomodulateur qui participe à la réduction de l’apparition des symptômes de la maladie, dont la perte d'odorat.
Toutefois, les chercheurs ont observé que le traitement à l’ivermectine n’agit pas sur la réplication virale du SARS-CoV-2. « De manière surprenante, nous avons observé que le traitement à l'ivermectine n'a pas limité la réplication virale, les modèles traités et non traités présentaient des quantités similaires de charge virale dans la cavité nasale et dans les poumons. Nos résultats révèlent que l’ivermectine possède un effet immunomodulateur et non antiviral.», ajoute Guilherme Dias de Melo. Dans un avis du 31 mars 2021, l’OMS déconseille d’utiliser l’ivermectine pour traiter le Covid-19 en dehors des essais cliniques, en attendant que davantage de données soient disponibles.
A ce sujet, le chercheur explique : « notre étude apporte des données précliniques qui démontrent scientifiquement une action protectrice de l’ivermectine pendant l’infection par le SARS-CoV-2 dans un modèle animal. Ces données sont essentielles pour appuyer les essais cliniques chez l’homme. » L'ivermectine pourrait alors être considérée comme un agent thérapeutique encourageant contre le Covid-19, sans impact sur la réplication du virus mais soulageant l'inflammation et les symptômes qui en découlent. L'équipe scientifique conclut sur le fait que ces nouveaux résultats « ouvrent la voie à des axes de développement pour de meilleurs traitements contre le Covid-19.»
Faut-il se supplémenter en vitamines ou minéraux ?
La vitamine D est-elle oui ou non efficace contre la Covid-19 ?
La vitamine D fait beaucoup parler d'elle pendant cette pandémie, mais les informations disponibles sur ses effets protecteurs contre la maladie restent limitées. En effet, l'Inserm rappelait en mars 2021 dans sa rubrique "Canal Detox" que les données actuelles sont parcellaires et qu'il n’est pas possible d’affirmer qu'une supplémentation aurait un effet protecteur, malgré plusieurs publications scientifiques en ligne. Ses experts indiquent qu'il s'agit là de l'avis de deux organismes sanitaires de premier plan : le National Institutes of Health (Etats-Unis) et la Société française de pharmacologie. "Toutefois, plusieurs études sont menées sur le sujet, pour ouvrir des pistes de réflexion intéressantes", indiquent-ils.
Des scientifiques de la Queen Mary University of London estiment ainsi que les personnes ayant reçu une supplémentation en vitamine D sont moins à risque de développer une infection respiratoire aiguë. Mais concernant la Covid-19, "la pertinence des résultats n’est pas connue et nécessite des recherches dédiées", précisent ces mêmes scientifiques.
Mardi 27 avril, selon les conclusions d’une étude brésilienne publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA ), une dose élevée de vitamine D n'améliore pas l'état des patients atteints de Covid-19 modéré à sévère. "Des études in vitro ou des essais sur des animaux avaient précédemment montré que dans certaines situations, la vitamine D et ses métabolites peuvent avoir des effets anti-inflammatoires et antimicrobiens, ainsi que moduler la réponse immunitaire. Nous avons décidé de rechercher si une dose élevée de la substance pourrait avoir un effet protecteur dans le contexte d'une infection virale aiguë, réduisant soit l'inflammation, soit la charge virale", a déclaré Rosa Pereira, chercheuse principale du projet, à Agência FAPESP.
Les volontaires ont été répartis au hasard en deux groupes, dont l'un a reçu de la vitamine D3 en une dose unique de 200 000 unités (UI) dissoutes dans une solution d'huile d'arachide. L'autre groupe n'a reçu que la solution d'huile d'arachide. Tous les participants ont été traités selon le protocole standard de traitement hospitalier contre le virus. Aucune différence significative entre les groupes n'a été observée pour aucun de ces résultats cliniques. Selon les auteurs, il n’existe donc actuellement aucune indication d'administrer de la vitamine D aux patients qui viennent à l'hôpital avec un Covid-19 sévère.
Les scientifiques recommandent avant tout d'en parler à son médecine généraliste : une supplémentation, loin d'être anodine, doit toujours se faire sous avis médical et selon le degré de carence du patient. Car même si le risque d’intoxication est faible, des effets indésirables peuvent néanmoins apparaitre si celle-ci est inadaptée. Toujours est-il que maintenir une alimentation riche en vitamine D (poisson gras, œufs, produits laitiers) est nécessaire pour éviter toute carence, que ce soit en période de pandémie de Covid-19 ou non.
Le zinc et la vitamine C ne sont pas efficaces contre la Covid-19
Le zinc est réputé pour ses propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes et de renforcement de l’immunité tandis que la vitamine C intervient dans de grandes fonctions de l'organisme : défense contre les infections virales et bactériennes, protection de la paroi des vaisseaux sanguins, assimilation du fer, action antioxydante et cicatrisation. Deux nutriments essentiels pour une immunité optimale, mais sont-ils pour autant efficaces pour prévenir ou traiter une infection par la Covid-19 ? Des chercheurs se sont posés cette question, dont la réponse publiée en février 2021 dans le JAMA Open Network est très claire.
Le zinc ou la vitamine C, ou une combinaison des deux, ne réduisent pas de manière significative la gravité ou la durée des symptômes chez les patients positifs à la Covid-19 par rapport aux soins standard. Les chercheurs ont recruté 214 adultes avec une infection COVID-19 confirmée, ayant ensuite reçu pendant 10 jours du gluconate de zinc (50 mg), de la vitamine C (8000 mg), les deux agents ou des soins standard. L'étude, qui avait pour objectif une réduction de 50% des symptômes, a été menée d'avril à octobre 2020, a été arrêtée prématurément car il n'y avait pas de différences significatives entre les groupes de patients.
Les chercheurs se montrent néanmoins optimistes quant au fait que si la vitamine C et le zinc se sont révélés inefficaces comme traitement par rapport aux soins standard, l'étude d'autres thérapies se poursuit. Les patients inclus dans cette étude n'ont pas été hospitalisés, mais pris en charge en ambulatoire. « Nous savons que tous les patients atteints de Covid-19 ne doivent pas être hospitalisés, et comparés à ceux traités en milieu hospitalier, ils sont plus susceptibles de rechercher des suppléments qui pourraient les aider, il s'agissait donc d'une population importante à étudier », souligne le Dr Suma Thomas, du Heart Vascular & Thoracic Institute de Cleveland Clinic et coauteur de l'étude.
Pour les personnes qui prenaient un traitement par vitamines ou oligoéléments avant la pandémie et se questionnent sur l'utilité de le poursuivre, la Société française de pharmacologie et thérapeutique incite à le faire. « Des études montrent qu'en cas d'infection virale, une carence en certaines vitamines pourrait être associée à une forme plus grave, de moins bon pronostic », note-t-elle. En revanche, elle aussi affirme qu'il « n'y a aucune donnée qui permette de conclure que les vitamines ou oligo-éléments protègent de la Covid19. »
La vitamine B6 à l'étude pour réduire la gravité de l'infection
Les minéraux (zinc, magnésium) et la vitamine D ne sont pas les seuls nutriments qui intéressent les chercheurs dans la prévention des formes graves de la Covid-19. Des chercheurs de l'Université d'Hiroshima se sont penchés sur une vitamine du groupe B, la B6, qui aurait le potentiel de réduire les risques de tempête de cytokines au moment de l'infection.
Sous le terme de vitamine B6 se trouve une famille de six substances dont la plus couramment utiliséeest la pyridoxine. Comme l'explique la revue Vidal, elle « intervient dans le métabolisme des acides aminés et du glycogène ainsi que dans la synthèse de l’ADN, de l’hémoglobine et de nombreux messagers chimiques du cerveau. » Les chercheurs, dont l'étude a été publiée dans la revue Frontiers in Nutrition,sont partis du constat que la nutrition figure parmi les premières lignes de défense contre l'infection par le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère ou SARS-CoV.
Dans leur article, ils affirment que des preuves croissantes montrent que la vitamine B6 exerce un effet protecteur contre les maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires et le diabète en supprimant l'inflammation et le stress oxydatif. « Les coronavirus et la grippe font partie des virus qui peuvent causer des lésions pulmonaires mortelles et un décès à la suite d'un syndrome de détresse respiratoire aiguë », précisent-ils. Ils se sont alors demandé si cette vitamine pouvait s'avérer efficace contre cette fameuse « tempête de cytokines », soit un afflux extrêmement important de molécules pro-inflammatoires appelées cytokines.
L'enjeu est important puisque ce phénomène inflammatoire pourrait être à la racine de nombreuses complications sévères. Outre la tempête de cytokines, la thrombose (coagulation sanguine) pourrait aussi être liée à la gravité de l'infection. La tempête de cytokines se produit lorsque le système immunitaire attaque les cellules saines tandis que les caillots sanguins liés à la Covid-19 peuvent endommager les organes vitaux comme le cœur ou les poumons.
Or, les chercheurs rappellent que la vitamine B6 est un nutriment anti-thrombotique et anti-inflammatoire connu. Une carence en cette vitamine est également associée à une fonction immunitaire plus faible et à une plus grande sensibilité aux infections virales. « La vitamine B6 a une relation étroite avec le système immunitaire. Ses niveaux chutent toujours chez les personnes souffrant d'inflammation chronique comme l'obésité, le diabète et les maladies cardiaques. On sait également aujourd’hui que les personnes obèses et diabétiques sont à haut risque de Covid-19 », ajoutent-ils. Ces derniers disent attendre « avec impatience » que des essais cliniques testent leur hypothèse.
En attente de résultats plus approfondis, les chercheurs ne recommandent donc pas de se supplémenter en vitamine B6, mais celle-ci se trouve dans les viandes, le poisson, les œufs, les pommes de terre et les fruits autres que les agrumes.
Dexaméthasone, remdésivir, tocilizumab… : quelle efficacité ?
L'efficacité de la dexaméthasone contre les formes graves se confirme
L'efficacité de la dexaméthasone pour prévenir les formes graves de la Covid-19 (notamment les syndromes de détresse respiratoire aiguë) se confirme. Ce corticostéroïde aurait permis de sauver près d'un million de patients hospitalisés, a affirmé le service de santé britannique (NHS) s'appuyant sur une étude parue le 10 février 2021 dans Nature Communications. Un chiffre toutefois nuancé par plusieurs scientifiques, dont Kevin McConway, de l'Open University de Londres : "Il est tout à fait vrai qu'un grand nombre de personnes sont en vie aujourd'hui grâce à la dexaméthasone, mais certains des chiffres semblent bien trop précis" (Media Science Center, 23 mars 2021).
Une étude antérieure affirmait déja que la dexaméthasone permettait de réduire de 21 % la mortalité des patients ventilés ou placés sous oxygène. En revanche, le traitement (par voie orale ou intraveineuse) n’a pas montré d'efficacité pour les patients qui ne nécessitent pas d’assistance respiratoire.
Ces premières expérimentations avaient conduit l'OMS à recommander "l'usage systématique des corticoïdes chez les patients atteints d'une forme sévère ou critique" de la maladie. Objectif : apaiser l’emballement du système immunitaire qui dévaste les poumons des malades dans un second temps (orage cytokinique). Les recommandations de l'OMS ont été suivies par l'Agence européenne du médicament (EMA) qui déclarait mi-septembre 2020 : "En se basant sur les données disponibles, l'EMA approuve l'utilisation de la dexaméthasone chez les adultes et les adolescents (de plus de 12 ans et pesant au moins 40 kilos) dont l'état nécessite l'administration d'oxygène."
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Le remdésivir, un antiviral intéressant dont l'efficacité est mise en doute
Le remdésivir (un antiviral développé initialement contre le virus Ebola) a fait partie des antiviraux à avoir montré une efficacité relative. Administré sous perfusion (uniquement dans le cadre d'essais cliniques), il n’améliorerait pas la survie des patients sous oxygène, mais diminuerait le temps d’hospitalisation. Des combinaisons thérapeutiques avec d’autres médicaments sont en cours d’évaluation pour augmenter son efficacité. Certaines équipes de chercheurs étudient également l'efficacité du remdésivir en association avec d'autres molécules, notamment les interférons.
Toutefois, en septembre dernier, la Haute autorité de santé a estimé que son effet restait modeste. Le manque de preuves sur son efficacité a aussi conduit l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à se prononcer dans un communiqué publié fin novembre en défaveur du remdésivir, "quel que soit le degré de gravité de la maladie, car il n'y a actuellement pas de preuve qu'il améliore la survie ni qu'il permette d'éviter d'être placé sous ventilation artificielle". L'essai clinique européen Discovery a également décidé d'arrêter de tester le remdesivir par "manque de preuves de l'efficacité du remdesivir après 15 jours", a précisé l'Inserm, jeudi 27 janvier.
Le Tocilizumab, autorisé dans le traitement des formes graves du Covid
Lundi 6 décembre, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a donné son feu vert à l'utilisation du tocilizumab. Initialement indiqué dans le traitement de l'arthrite, il pourra désormais être utilisé chez les patients hospitalisés pour une forme grave de Covid-19.
L'anti-inflammatoire est vendu sous le nom de RoActemra en Europe. Il devra être administré avec des corticostéroïdes car une "augmentation de la mortalité ne peut être exclue" s'il est utilisé sans eux, a conclu le régulateur de l'Union européenne, emboîtant le pas à l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
L'EMA estime que ce traitement devrait réduire la mortalité de cette catégorie de malades.
Plasma sanguin, hydroxychloroquine... des pistes infructueuses
L'OMS se prononce contre les traitements avec le plasma d'anciens patients guéris
Pour soutenir le système immunitaire des patients, les chercheurs ont un temps misé que la sérothérapie. Cette technique consiste à prélever le sang de patients convalescents ayant vaincu le SARS-CoV-2 pour le transfuser aux malades et ainsi booster leurs défenses naturelles contre le coronavirus. Le plasma sanguin contient en effet les anticorps développés spécifiquement par l'organisme contre un virus.
Dans un premier temps, ce traitement expérimental à été autorisé par l'Agence nationale du médicament (ANSM), "à titre exceptionnel et temporaire". Toutefois, lundi 6 décembre, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) s'est prononcée en défaveur de cette pratique. Elle estime que les traitements anti-Covid à partir de plasma sanguin d'anciens malades n'ont pas fait leurs preuves et doivent être fortement évités contre les formes légères.
Cette recommandation s’appuie sur les résultats de 16 études réalisées auprès de 16.236 patients atteints d'une infection légère, grave ou sévère à la Covid-19. "Malgré ses promesses initiales, les données actuelles montrent que le traitement n'améliore pas la survie et ne réduit pas la nécessité d'un respirateur artificiel, et qu'il est coûteux et long à administrer", ont indiqué les experts dans un avis publié dans le British Medical Journal.
Au-delà de l’inefficacité du traitement par plasma, "ils ont également noté plusieurs défis pratiques, tels que la nécessité d'identifier et de tester les donneurs potentiels, ainsi que de collecter, stocker et administrer le plasma du donneur, ce qui, selon eux, limite davantage sa faisabilité et son applicabilité", peut-on lire dans le communiqué.
L’hydroxychloroquine, déconseillée comme traitement préventif
La chloroquine est une molécule utilisée comme antipaludique, commercialisée en France sous le nom de Nivaquine. Il en existe un dérivé, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), utilisée de longue date dans certaines maladies auto-immunes telles que le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde. Plusieurs études ont été publiées la concernant, en monothérapie ou en association avec l’azithromycine, en France et à l’étranger. Celles-ci visaient à déterminer si la molécule s'avère efficace en prévention (prophylaxie), au début de l'infection ou en cas de symptômes graves de la Covid-19.
Plébiscité en France, notamment par le Pr Didier Raoult (directeur de l''IHU Méditerranée), son utilisation a fait l'objet de nombreux revirements, en particulier depuis la publication d'une étude controversée dans la revue scientifique The Lancet (le 22 mai). À l’heure actuelle, son efficacité ne fait pas l'objet de preuves scientifiques probantes : les données disponibles tendent de plus en plus à montrer que la molécule n’est pas efficace pour réduire la mortalité ou l’aggravation de la maladie, ni pour améliorer les symptômes.
Dernière confirmation, une annonce d'un groupe d'experts de l'OMS qui déconseille fortement le recours à l’hydroxychloroquine comme traitement préventif de l'infection. Ces derniers affirment en effet que l'hydroxychloroquine ne doit pas être utilisée pour prévenir l'infection chez les personnes qui n'ont pas déclaré la Covid-19."Des recherches ont permis de démontrer avec certitude que l’hydroxychloroquine n’a pas d’effet significatif sur le risque de décès ou d’admission à l’hôpital, tandis que d’autres recherches ont montré que l’hydroxychloroquine n’a pas d’effet sur le nombre de cas de Covid-19 rapportés positifs confirmés par les laboratoires et qu’elle augmente probablement le risque d’effets indésirables", souligne le document publié par le comité d’experts que l'on retrouve dans le British Medical Journal. Cette "forte recommandation" s’appuie sur les résultats de six essais contrôlés et randomisés réunissant au total près de 6 000 participants, avec et sans exposition connue à une personne infectée.
"Ce médicament n’est plus prioritaire pour de nouvelles recherches et que les moyens mis à disposition devaient être redirigés pour évaluer des médicaments plus prometteurs afin de prévenir le coronavirus", ajoutent les experts.
Par ailleurs, le groupe d’experts a jugé que presque toutes les études ne considéreraient pas ce médicament comme valable et a aussi décidé que des facteurs tels que "les ressources, la faisabilité, l’acceptabilité et l’équité pour les pays et les systèmes de santé" n’allaient probablement pas modifier la recommandation.
En mai 2020, l'agence onusienne avait déjà décidé de suspendre les essais cliniques avec l’hydroxychloroquine. En France, la demande de recommandation temporaire d'utilisation (RTU) de l'hydroxychloroquine émanant de l'IHU, a été rejetée par l'ANSM le 23 octobre. La molécule ne peut officiellement plus être prescrite pour les patients atteints de Covid-19. Cette décision est en phase avec la très grande majorité des recommandations thérapeutiques internationales.
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Anticorps de requins, budésonide, lama… : de nouvelles pistes de traitements
Le lama, une nouvelle arme ?
Grâce à des rayons spécifiques, les chercheurs ont tenté de transformer les anticorps de lama naturellement générés par ces animaux en thérapies potentiellement efficaces contre le SRAS. CoV-2. "Les lamas génèrent ces nanocorps naturellement avec des rendements élevés, et ils s'insèrent dans les poches à la surface des protéines auxquelles les anticorps de plus grande taille ne peuvent pas accéder", a précisé Jason McLellan, de l'université du Texas à Austin. "Au total, les chercheurs ont reçu plus de 50 anticorps de lamas contenant plusieurs protéines du SRAS-CoV-2", a déclaré Andrzej Joachimiak, directeur du Centre de biologie structurale (SBC).
Ce n’est pas sans raison que les chercheurs se tournent vers les lamas. Ces animaux appartiennent à un groupe de mammifères appelés camélidés, un groupe qui comprend également les chameaux et les alpagas. Grâce à une bizarrerie de la nature, les camélidés produisent un type unique d'anticorps contre la maladie. Ces anticorps, souvent appelés nanocorps, font environ la moitié de la taille des anticorps produits par les humains. Ils sont également remarquablement stables et faciles à manipuler pour les scientifiques. Seul le temps (et d'autres tests) dira si les différents nanocorps se traduiront par des traitements efficaces contre le virus.
Des anticorps de requin neutralisent le COVID-19 et d'autres types de coronavirus
Outre le lama, un autre animal intéresse les chercheurs pour la possible efficacité de ses anticorps, et celui-ci vit sous l'eau : le requin. Selon une étude publiée en décembre 2021 dans la revue Nature, de petites protéines uniques de type anticorps connues sous le nom de VNARs (pour Variable New Antigen Receptors), dérivées du système immunitaire des requins nourrices (Ginglymostomatidés), peuvent empêcher le virus qui cause le COVID-19, ses variants et les coronavirus apparentés d'infecter les cellules humaines.
L'équipe scientifique affirme que les VNARs de requin ont pu neutraliser le WIV1-CoV, un coronavirus capable d'infecter les cellules humaines mais qui ne circule actuellement que chez les chauves-souris. Une découverte importante puisque le développement en avance de traitements contre de tels coronavirus d' origine animale peut s'avérer utile si ces virus font le saut chez les humains. « Le problème est qu'un certain nombre de coronavirus sont sur le point d'émerger chez l'homme », explique Aaron LeBeau, professeur de pathologie à l'Université du Wisconsin-Madison qui a dirigé l'étude. « Ce que nous faisons, c'est préparer un arsenal de thérapies qui pourraient être utilisées ultérieurement pour de futures épidémies de SRAS. Une sorte d'assurance contre l'avenir. »
Les chercheurs travaillent d'ores et déjà avec Elasmogen, une société biomédicale située en Écosse qui développe des VNARs thérapeutiques. Grâce à leur petite taille, environ 1/10e de la taille d'un anticorps humain, ces derniers peuvent se lier aux protéines infectieuses du virus de manière unique. Les chercheurs ont testé les VNARs contre le SRAS-CoV-2 infectieux et contre une version du virus qui ne peut pas se répliquer dans les cellules, ce qui leur a permis d'identifier trois candidats parmi près d’un milliard de versions d’anticorps de requins qui ont empêché le virus d'infecter les cellules humaines. Ces trois modèles se sont également avérés efficaces contre le SRAS-CoV-1, le coronavirus qui a provoqué la première épidémie de SRAS en 2003.
L’une de ces versions qui porte le nom de 3B4 s'est fortement attachée à la protéine de pointe qui permet au virus de se lier aux cellules humaines et semble bloquer ce processus d'attachement. Ce phénomène est très similaire parmi les divers coronavirus, ce qui permet même à 3B4 de neutraliser efficacement le virus MERS, un cousin éloigné du SRAS. Ce site de liaison n'est pas non plus modifié dans les variations importantes du SRAS-CoV-2, telles que le variant Delta, sachant que l'étude a été menée avant la découverte d'Omicron. Le deuxième VNAR de requin le plus puissant, 2C02, semble verrouiller la protéine de pointe dans une forme inactive. Les thérapies futures devraient inclure un cocktail de plusieurs VNARs de requins pour maximiser leur efficacité contre des virus divers. Reste à tester leur efficacité chez les humains.
Le budésonide, médicament contre l'asthme, raccourcit le temps de récupération chez les patients non hospitalisés
Le budésonide est un médicament de type corticostéroïde qui, par voie inhalée, est utilisé dans la prise en charge d’asthme pour son action anti-inflammatoire. C'est cette capacité qui intéresse des chercheurs de l'Université d'Oxford, à la recherche de traitements efficaces contre le Covid-19 pour réduire considérablement le temps de récupération chez les patients malades. Les chercheurs, dont l'étude a fait l'objet en avril 2021 d'une prépublication sur le serveur MedRxiv, sont partis du constat que si la majorité des interventions étudiées actuellement se concentre sur les patients hospitalisés, des interventions en cas de Covid-19 léger sont nécessaires également pour les patients malades invités à rester chez eux.
La première étape de leur essai clinique appelé PRINCIPLE a montré qu'un traitement précocepar budésonide inhalé raccourcit le temps de récupération de trois jours chez les patients âgés atteints de Covid-19 et qui présentent un risque élevé de maladie plus grave. « Ces résultats ont le potentiel de changer la façon dont le Covid-19 est traité à ses débuts dans des contextes non hospitaliers au Royaume-Uni et à l'étranger », précisent les chercheurs. Le budésonide inhalé est un corticostéroïde déjà couramment utilisé dans le monde dans les inhalateurs pour traiter l'asthme et la BPCO : un recul qui permet d'établir qu'il s'agit d'un traitement sûr et peu coûteux.
Les résultats ont également montré que les participants traités avec le budésonide ont signalé un plus grand bien-être après deux semaines. Concrètement, les patients traités par budésonide inhalé ont été invités à en inhaler 800 microgrammes deux fois par jour pendant 14 jours et ont été suivis pendant 28 jours. Tous les patients membres de l'étude étaient âgés de plus de 50 ans avec un problème de santé sous-jacent qui les exposait à un risque accru de maladie grave à Covid-19, ou âgés de plus de 65 ans.
« Pour la première fois, nous disposons de preuves de qualité d'un traitement efficace pouvant être déployé pour les personnes qui risquent le plus de développer une maladie plus grave due au Covid-19. Contrairement à d'autres traitements éprouvés, le budésonide est efficace comme traitement à domicile et pendant les premiers stades de la maladie. Il s'agit d'une étape importante pour cette pandémie et d'une réalisation majeure pour la recherche », affirme le Pr Richard Hobbs de l'Université d'Oxford. Dès que les patients restants de l'essai auront terminé leur suivi de 28 jours et qu'une analyse complète aura été effectuée, des résultats détaillés sur les délais de récupération et d'hospitalisation seront publiés.
Un médicament contre l'arthrite est prometteur contre le COVID sévère
Le traitement tant attendu contre le COVID-19 serait-il déjà existant sur le marché et utilisé contre une autre maladie ? Telle est la piste suivie par de nombreuses équipes scientifiques, et cette stratégie s'appelle le repositionnement de médicaments. Comme l'expliquent des chercheurs de l'Inserm, « il s’agit de rechercher une activité antivirale à partir de produits déjà commercialisés pour une autre indication thérapeutique, dont la toxicité chez l’humain a déjà été évaluée. » Cette approche a pour avantage d’éviter la phase d’évaluation clinique de toxicité chez l’Homme, ce qui réduit considérablement les délais de mise à disposition de la molécule repositionnée en question.
C'est dans ce contexte qu'un médicament contre l'arthrite a montré des résultats positifs dans un essai clinique sur des patients hospitalisés avec COVID-19, selon un article publié dans le New England Journal of Medicine. La molécule tofacitinib, prise par voie orale et vendue entre autres sous le nom commercial Xeljanz (laboratoire Pfizer), a été testée chez 289 patients hospitalisés pour un COVID sévère dans 15 sites au Brésil. La moitié d'entre eux a reçu le médicament, une pilule de 10 mg deux fois par jour, et des soins standard pour atténuer une réponse immunitaire hyperactive de l'organisme, tandis que l'autre moitié a reçu un placebo et les mêmes soins standard.
Après 28 jours de traitement, 18,1% des patients du groupe recevant le tofacitinib ont développé une insuffisance respiratoire contre 29% dans le groupe placebo. « Cela représentait une réduction du risque relatif statistiquement significative de 63%.», précise les chercheurs. L'insuffisance respiratoire fait référence à un patient nécessitant une ventilation à travers un masque à oxygène, ou étant intubé et placé sur un ventilateur mécanique. Sur cette même période, des décès sont survenus chez 2,8% des patients du groupe tofacitinib et chez 5,5% des patients du groupe placebo. Enfin, des effets secondaires graves sont survenus chez 14,1% des membres du groupe tofacitinib et chez 12% du groupe placebo.
« Nous sommes encouragés par les premiers résultats de notre essai aléatoire du tofacitinib auprès des patients hospitalisés pour une pneumonie de Covid-19 .», a fait savoir Otavio Berwanger de l’hôpital israélite Albert Einstein, qui a conduit l’essai clinique en partenariat avec Pfizer. « Ces résultats fournissent de nouvelles informations qui indiquent que l'utilisation du tofacitinib lorsqu'il est ajouté au traitement standard peut réduire davantage le risque de décès ou d'insuffisance respiratoire dans cette population de patients. » Le tofacitinib appartient à une classe de médicaments appelés inhibiteurs de la Janus kinase (JAK). Outre l'arthrite, il est approuvé aux États-Unis pour traiter la polyarthrite rhumatoïde et la colite ulcéreuse (la rectocolite hémorragique).
Neutraliser une protéine en lien avec la gravité de la maladie, nouveau levier de traitement
De nombreuses recherches portant sur le SARS-CoV-2 s'intéressent à sa protéine Spike (protéine S) qui lui permet de pénétrer dans les cellules humaines. Et si un traitement émergeaitd'une tout autre protéine ? Telle est la piste de GeNeuro, une biotech franco-suisse comme l'a expliqué son directeur général Jesus Martin-Garcia sur Europe 1 le 22 avril dernier. Il a évoqué le rôle d'une protéine appelé « W ENV », « que l'on retrouve principalement dans des maladies neurodégénératives, comme la sclérose en plaques », explique-t-il à l'antenne. La société a publié une étude dans EbioMedicine, dont les résultats ont montré une expression de la protéine W ENV dans les lymphocytes de 30 patients hospitalisés à cause du COVID-19, contre aucune chez les sujets sains.
L’étude montre aussi une corrélation entre le niveau d’expression de la protéine et la gravité de la maladie. « C'est une protéine très inflammatoire. Il est possible que cette protéine, comme c'est supposé par ces publications, joue le rôle d'huile sur le feu dans la partie aiguë de la maladie », a commenté Jesus Martin-Garcia sur Europe 1. Ses propriétés pro-inflammatoires pourraient donc servir «d’accélérant » à l’activation du système immunitaire inné, mais aussi alimenter l’évolution de la maladie vers une forme plus sévère, et affecter la récupération à long terme.
D'autres données publiées dans Research Square ont montré l'expression de cette protéine dans les lymphocytes de donneurs de sang sains après une exposition au SARS-CoV-2 dans 20 % des cas, ce qui suggère une susceptibilité individuelle. Le fait d'avoir identifié cette protéine change la donne puisque « nous avons des médicaments contre, déjà utilisés sur des patients atteints de sclérose en plaques, avec des résultats très prometteurs », ajoute Jesus Martin-Garcia. L'un d'eux intéresse particulièrement : le temelimab, un anticorps monoclonal qui pourrait faire l'objet d'essais cliniques contre le COVID-19 dès cet été 2021.
Des antidépresseurs pour éviter une intubation et un décès chez les patients hospitalisés
Parmi les dernières molécules actuellement testées, celles d'une famille d'antidépresseurs. Une étude menée par des chercheurs français et parue dans la revue Molecular Psychiatry affirme que ces antidépresseurs pourraient être potentiellement utiles pour réduire le risque d'intubation ou de décès chez les patients atteints de COVID-19. Les médicaments concernés appartiennent à la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) : fluoxétine (Prozac), paroxétine (Deroxat) ou encore escitalopram (Seroplex).
Tout est parti d'un constat établi par le Dr Nicolas Hoertel, psychiatre en région parisienne : « Je travaille dans un grand service, avec près de 90 lits d'hospitalisation. Et j'ai été assez étonné de voir qu'il y avait finalement peu de patients présentant des troubles psychiatriques. J'ai tout de suite pensé aux antidépresseurs et me suis dit qu'il pouvait y avoir un lien », indiquait-il à France Interle 8 février 2021. Son étude concerne les données de 7 230 patients hospitalisés pour la Covid-19 à l’AP-HP entre le 24 janvier et le 1er avril 2020. 345 patients avaient une prescription de traitement antidépresseur dans les 48 heures suivant leur admission.
Les résultats ont montré que ces patients avaient un risque d’intubation ou de décèsdiminué de plus de 40% comparé aux patients qui n’avaient pas pris de tel traitement. Selon la molécule utilisée, des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ou certains antidépresseurs non-ISRS (venlafaxine et mirtazapine), la réduction du risque était comprise entre 42% et 78%. « Ces résultats sont en accord avec des données in vitro montrant que ces traitements antidépresseurs spécifiques inhibent en quelques heures l’activité de la sphingomyélinase acide, une enzyme qui semble influencer la pénétration intracellulaire du virus SARS-CoV-2 », souligne l'AP-HP.
Des résultats encourageants, d'autant qu'une méta-analyse antérieure, comprenant principalement des études sur les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, a montré que l'utilisation d'antidépresseurs dans le trouble dépressif majeur était associée à une réduction des taux de plusieurs cytokines pro-inflammatoires qui ont été associées à une forme grave de Covid-19. « Certains traitements antidépresseurs pourraient rendre étanches nos cellules à l'infection par le virus, et ce, en quelques heures. Certains traitements, en inhibant une enzyme, pourraient gêner fortement, voire empêcher complètement, le virus d'infecter les cellules », a ajouté le Dr Nicolas Hoertel sur France Inter.
Un essai clinique français teste l'effet de l'hydrogène pour les formes légères
Le CHU Grenoble-Alpes a lancé une étude clinique baptisée « HydroCOVID » en partenariat avec le laboratoire des Techniques de l'ingénierie médicale et de la complexité (TIMC) visant à évaluer un complément alimentaire qui pourrait limiter les complications de la Covid-19 et permettre une meilleure récupération. Sa particularité ? Le traitement à l’étude n'est rien d'autre que de l’hydrogène sous une forme dissoute dans l’eau. Depuis quelques années, les deux organismes travaillaient déjà sur les applications médicales de l’hydrogène or, plusieurs expériences récentes ont renforcé l’opinion des chercheurs du laboratoire sur son intérêt potentiel comme traitement de la Covid-19.
Par son rôle antioxydant puissant, l’hydrogène pourrait avoir un effet bénéfique permettant d'éviter l’emballement des réactions inflammatoires qui conduit aux complications de la Covid-19, le fameux orage cytokinique. « Cette hypothèse est étayée par de nombreux arguments précliniques et théoriques. Ses propriétés antioxydantes ont été utilisées dans la prise en charge des formes graves de la maladie, en Chine en particulier, mais il n’existe aucune étude avec ce produit dans les formes non graves, qui sont les plus fréquentes. », indique l’université Grenoble-Alpes. L'étude évalue l'intérêt clinique d'un traitement de 21 jours, une cure d'eau enrichie à l'hydrogène gratuite et à réaliser à domicile.
« Nous travaillons sur l'hydrogène depuis quelques années pour son intérêt anti-inflammatoire grâce à ses propriétés antioxydantes », explique à France Inter le Pr Philippe Cinquin, responsable scientifique de l'étude. « C'est une molécule toute petite, qui se diffuse facilement et rapidement dans l'organisme. Elle est réductrice (donc antioxydante) et rapidement absorbée par le sang et le filtre pulmonaire. Elle est capable de capturer les espèces réactives de l'oxygène, des espèces qui déclenchent des mécanismes inflammatoires. » Les chercheurs souhaitent notamment pouvoir réduire les effets de fatigue, de sensation d’essoufflement et surtout les risques d’aggravation de la maladie.
Un médicament anti-cholestérol déjà sur le marché pourrait réduire l'infection jusqu'à 70%
Outre la vaccination, plusieurs pistes sont envisagées pour lutter contre le Covid-19 et jusqu’à présent, les essais cliniques qui ont été conduits ont principalement utilisé des médicaments déjà prescrits dans d’autres maladies : on parle de repositionnement thérapeutique. La dernière annonce en date dans ce domaine concerne un médicament anti-cholestérol qui serait capable de réduire l’infection jusqu’à 70%. En effet, une étude publiée dans la revue Frontiers in Pharmacology menée par des chercheurs de l’Université de Birmingham, de l’Université de Keele et de l’Institut scientifique de San Raffaele affirme que le fénofibrate et sa forme active (l'acide fénofibrique) peuvent réduire considérablement l'infection par le SARS-COV-2 dans les cellules humaines cultivées.
Ce médicament oral est un hypolipidémiant prescrit pour abaisser le taux des graisses circulant dans le sang, cholestérol et triglycérides essentiellement. Les chercheurs, qui appellent maintenant à mener des essais cliniques pour le tester chez des patients hospitalisés, précisent que la réduction de l'infection a été obtenue en utilisant des concentrations qui sont sûres puisqu'il s'agit de la dose clinique standard. Le SARS-CoV-2, le virus qui cause le COVID-19, infecte l'hôte par une interaction entre la protéine Spike ou « S » à sa surface et la protéine réceptrice ACE2 sur les cellules hôtes. Dans cette étude, l'équipe a testé un panel de médicaments déjà homologués, dont le fénofibrate, pour identifier ceux qui pourraient perturber les interactions ACE2/Spike.
Après avoir testé l'efficacité du médicament sur des cellules cultivées en laboratoire en utilisant une souche originale du virus isolée en 2020, l'équipe a découvert que le fénofibrate réduisait l'infection jusqu'à 70%. « Nos données indiquent que le fénofibrate peut potentiellement réduire la gravité des symptômes du COVID-19 et la propagation du virus. Étant donné qu'il s'agit d'un médicament très bon marché et disponible dans le monde entier, avec son bon profil d’innocuité, nos données ont des implications mondiales, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire et chez les personnes pour lesquelles les vaccins ne sont pas recommandés ou adaptés, telles que celles qui utilisent des immunosuppresseurs.», conclut Elisa Vicenzi, de l’Institut scientifique San Raffaele.
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L'herbe à pic, une plante traditionnelle efficace contre la Covid-19 ?
Le laboratoire guadeloupéen Phytobokaz a récemment annoncé avoir "prouvé l’efficacité d’une plante endémique sur l’immunité innée face aux virus émergents à ARN". Il a dans la foulée déposé un brevet impliquant une plante traditionnelle pour lutter contre le coronavirus et ses variants, l'herbe à pic.
"L'herbe à pic est une plante dont les vertus sont utilisées depuis des siècles, qui suscite beaucoup d’engouement", a indiqué la ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, mardi 16 février, devant l'Assemblée nationale. Et de poursuivre : "Je ne peux en tant que biochimiste que reconnaître l’apport potentiel de molécules présentes dans les pharmacopées traditionnelles, particulièrement dans les pays tropicaux et subtropicaux qui sont très riches en biodiversité."
Interrogé par les médias locaux, Damien Bissessar, chercheur chez Phytobokaz, indique que "chimiquement, la molécule d’herbe à pic testée a montré une action inhibitrice sur l’enzyme DHODH qui permet la réplication des virus à ARN". Toutefois, il est encore trop tôt pour crier victoire. Des études cliniques doivent encore être menées pour attester (ou non) de l'efficacité du médicament.
À noter : le laboratoire produit déjà un médicament fortifiant à base d'herbe à pic, le Viparic, pris d'assaut depuis quelques jours. Le laboratoire précise pourtant que ce médicament n'est pas en mesure de prévenir ou de soigner la Covid-19.