Le bilan est catastrophique. Les incendies, rendus plus fréquents et dévastateurs par le changement climatique, ont émis d’importantes quantités de CO2 en 2023-2024 en ravageant certaines régions du Canada et de l’Amazonie, souligne la première édition de l’étude «State of wildfires», publiée dans le journal Earth System Science Data ce mercredi 14 août. Le bilan, mené par l’université d’East Anglia et d’autres institutions basées en Grande-Bretagne, a vocation à être mise à jour chaque année.
Selon l’étude, les feux dans les milieux naturels ont causé l’émission de 8,6 milliards de tonnes de CO2 dans le monde entre mars 2023 et février 2024. Soit un chiffre 16 % au-dessus des moyennes, et qui équivaut à environ 15 % des émissions de gaz à effet de serre des humains. Seule une saison relativement calme sur le front des feux dans la savane africaine a empêché 2023-2024 de battre un nouveau record d’émission de CO2 au niveau mondial. Au total, ce sont 3,9 millions de km2 qui sont partis en fumée.
Les émissions provenant des incendies dans les forêts boréales du Canada ont été plus de neuf fois supérieures à la moyenne des deux dernières décennies, et ont contribué à près du quart des émissions mondiales. «Plus de 232 000 personnes ont été évacuées au seul Canada, ce qui souligne la gravité de l’impact humain», insiste l’étude. D’autres régions ont particulièrement souffert, notamment dans l’Amazonie (Brésil, Bolivie, Pérou, Venezuela), à Hawaï ou encore en Grèce, qui lutte ces derniers jours contre un violent incendie.
«L’année dernière, des feux ont tué des gens, détruit des maisons et des infrastructures, causant des évacuations de masse, menaçant les sources de revenus et endommageant des écosystèmes vitaux», alerte aussi Matthew Jones de l’université d’East Anglia, l’auteur principal du rapport. «Ces incendies deviennent plus fréquents et intenses avec le réchauffement du climat, et à la fois la société et l’environnement en subissent les conséquences», déplore-t-il.
Selon les auteurs, le changement climatique a augmenté la probabilité de conditions météorologiques favorisant ces feux, ainsi que les surfaces brûlées et les incendies extrêmes. D’après leurs calculs, le réchauffement d’origine humaine a par exemple augmenté d’un facteur 20 au moins la probabilité de conditions météorologiques propices aux incendies dans l’Amazonie occidentale.
A l’avenir, de tels incendies deviendront plus probables si l’humanité continue à émettre beaucoup de gaz à effet de serre. Mais rien n’est encore écrit. «Le risque peut être minimisé. Il n’est pas trop tard», a insisté Matthew Jones lors d’une présentation à la presse. En juin, une étude publiée dans le journal Nature Ecology & Evolution affirmait que le nombre et l’intensité des feux de forêt extrêmes – les plus destructeurs et les plus polluants – ont plus que doublé dans le monde depuis 20 ans, en raison du réchauffement climatique dû à l’activité humaine.