Au deuxième jour de sa visite au Brésil, M. Macron a retrouvé Lula sur le chantier naval ultra-moderne d'Itaguai pour la mise à l'eau du troisième d'une série de quatre sous-marins de conception française à propulsion conventionnelle.
Sous un ciel couvert, le submersible "Tonelero" a été baptisé par la Première dame brésilienne Rosangela da Silva, dite "Janja".
Les deux chefs d'Etat ont souligné la signification de ce partenariat dans un monde éprouvé par guerres et crises.
Cela "va permettre que deux pays importants, chacun dans un continent, se préparent pour que l'on puisse faire face à cette adversité, sans nous préoccuper d'un quelconque type de guerre, car nous sommes des défenseurs de la paix à tout moment de notre histoire", a lancé Lula.
Evoquant - malgré les désaccords, notamment sur l'Ukraine - "une même vision du monde" entre Paris et Brasilia, M. Macron a affirmé: "Les grandes puissances pacifiques que sont le Brésil et la France doivent acter que dans un monde de plus en plus désorganisé, il nous faut parfois savoir tenir le langage de la fermeté pour protéger la paix".
La cérémonie de mercredi renvoie à décembre 2008 et à la signature en grande pompe par le président français d'alors Nicolas Sarkozy et déjà Luiz Inacio Lula da Silva d'un vaste accord.
Outre la vente de 50 hélicoptères Caracal, il comprend un contrat de 6,7 milliards d'euros pour développer les capacités sous-marines du Brésil et son industrie.
Pour ce programme baptisé Prosub, voué à la protection des 8.500 kilomètres de côtes du géant latino-américain, la Marine brésilienne a choisi de travailler avec l'industriel naval de défense français Naval Group.
Le "Tonelero", lancé mercredi, est le troisième des quatre Scorpène à propulsion conventionnelle prévus. Le dernier, l'Angostura, doit être lancé en 2025.
- Propulsion nucléaire en débat -
En outre, l'accord doit permettre au Brésil de concevoir et construire son premier sous-marin nucléaire d'attaque, l'Alvaro Alberto. Le projet accumule les retards.
"Je souhaite que nous ouvrions le chapitre pour de nouveaux sous-marins, le quatrième, le cinquième, mais (...) que nous regardions en face la propulsion nucléaire en étant parfaitement respectueux de tous les engagements les plus rigoureux de non-prolifération", a dit M. Macron.
"Ce cadre existe, est possible. Vous le voulez. La France sera à vos côtés", a-t-il ajouté, mais sans annoncer une aide à Brasilia pour développer la propulsion nucléaire.
Brasilia cherche à convaincre Paris d'accroître ses transferts de technologies pour l'aider à intégrer le réacteur dans le sous-marin et de lui vendre des équipements liés à la propulsion nucléaire (turbine, générateur).
"Si le Brésil veut avoir accès aux connaissances de la technologie nucléaire, ce n'est pas pour faire la guerre. Nous voulons ces connaissances pour assurer à tous les pays qui veulent la paix que le Brésil sera à leurs côtés", a dit Lula.
La France est très réticente à tout transfert de technologies en la matière, en raison des défis de la prolifération nucléaire.
Le président français rejoindra ensuite la capitale économique, Sao Paulo, pour vanter les mérites des entreprises françaises au Brésil et faire la promotion de la France auprès des investisseurs brésiliens.
La France est le troisième investisseur au Brésil, avec plus de 40 milliards d'euros de stocks d'investissements directs dans le pays.
Emmanuel Macron annoncera par ailleurs un "paquet santé", avec des engagements français au Brésil et en Amérique latine, à l'occasion de l'inauguration de l'Institut Pasteur de Sao Paulo.
Jeudi, le président français sera accueilli dans la capitale Brasilia par Lula au palais présidentiel de Planalto pour des échanges dominés par les grands enjeux internationaux.
Mardi soir, Emmanuel Macron et Lula ont annoncé, dans le décor luxuriant de la forêt amazonienne, un programme visant à lever "un milliard d'euros d'investissements" verts pour l'Amazonie brésilienne et française côté Guyane.