L'histoire des peuplements en Amérique du Sud continue de susciter l'interrogation des chercheurs et des universitaires outre-Atlantique. Récemment, des études avaient permis de constater l' existence de traces humaines il y a environ 25 000 ans, sur le site de Santa Elina, au Brésil. Dans une étude publiée le 31 juillet par la revue Nature Ecology & Evolution, un consortium de scientifiques dévoile les détails d'années de recherches menées sur les restes d'un individu ayant vécu durant l' Holocène greenlandien, en 10 400 AP (avant le présent). Déterrés dans la région de São Paulo, les restes de cet homme, « Luzio », datent de 8 400 avant J.-C. Deuxième squelette le plus ancien trouvé en Amérique du Sud, son nom provient de « Luzia », son homonyme féminin plus ancien, quant à elle âgée de 11 500 ans.
Plus de 16 000 ans d’histoire génétique jusqu’à nos jours
Actuellement, relativement peu de restes humains datant de cette ère reculée ont été retrouvés par les chercheurs sud-américains. Pourtant, une importante quantité de sites archéologiques attestent de l'implantation des sociétés semi-nomades dans les régions côtières du Brésil. Sur près de 3 000 kilomètres, des peuples préhistoriques ont bâti des « sambaquis », de grands monticules funéraires constitués de calcaire et de matière organique, désormais fossilisés. En découvrant ces lieux, les archéologues ont aussi décelé des artefacts et des squelettes humains. Sur 11 sites fouillés, ils ont mis la main sur 34 individus.
Outre l'importance culturelle et historique de la recherche, les restes ont été emportés par les scientifiques à des fins de recherche. Ici intervient une discipline particulière : l'archéobiologie. Grâce à cela, les généticiens ont pu examiner l' ADN des ossements, en effectuant un séquençage génétique. En croisant les données génomiques de Luzio avec les 34 autres individus, les universitaires ont constaté l'existence de gènes communs avec des communautés amérindiennes actuelles. Les peuples Cherokee, Quechua ou Tupi sont notamment pointés par les scientifiques. Luzio pourrait lui-même descendre de populations ayant vécu 16 000 ans avant notre ère en Amérique du Sud, bien que ce dernier point relève plus de la supposition que d'une assertion avérée.
La mystérieuse disparition des bâtisseurs de sambaquis
L'étude du génome de Luzio et de ses affiliations génétiques s'ancre dans la quête de compréhension des migrations sur le continent. Selon les historiens, Luzio pourrait être un relai tangible, expliquant de potentielles interactions entre les tribus préhistoriques se déplaçant dans les terres et celles s'établissant sur la côte. En parallèle, les universitaires espèrent résoudre le mystère entourant la disparition rapide des bâtisseurs des tertres funéraires sambaquis. Ces constructions ont commencé à apparaître il y a 8 700 ans, le phénomène connaissant une forte croissance ente 5 500 AP et 2 200 AP. L'établissement de sambaquis a commencé à décliner avant de disparaître, au profit d'autres types de monticules funéraires, en 2 000 AP. Beaucoup d'espoirs semblent donc reposer sur le squelette de Luzio. Les scientifiques réussiront-ils encore à faire parler les restes de l'homme décédé il y a plus de 10 000 ans ?