Sous pression, une partie du système nerveux causerait des dommages irréversibles sur les cellules responsables de la coloration des cheveux.
On connaît tous et toutes quelqu'un qui a déjà une multitude de cheveux blancs sur le caillou, avant même d'avoir atteint la trentaine. Grâce à une nouvelle étude publiée le 22 janvier dans la revue Nature, une équipe de recherche affirme désormais avec certitude que ce changement de pigmentation est bel et bien dû au stress.
Pour déterminer le système physiologique à l'origine de ce phénomène, des scientifiques des universités de São Paulo et Harvard ont exposé plusieurs souris à un stress aigu. Ils ont observé qu'une succession d'événements entraînaient le grisonnement des poils et que tout partait du système nerveux sympathique.
Ce dernier est chargé d'accélérer le cœur en cas de menaces ou de stress. Dans l'expérience, quand la souris est sous pression, son rythme cardiaque augmente et le système nerveux sympathique sécrète un neurotransmetteur, la noradrénaline, qui sollicite les cellules souches à l'origine du pigment des poils et des cheveux.
Ces cellules souches –appelées mélanocytes– abandonnent leur niche près de la base du follicule et laissent les cheveux sans source de pigmentation. Les cheveux virent alors au gris-blanc.
«Nous savons maintenant avec certitude que le stress est responsable de ce changement spécifique de la peau et des cheveux et comment tout cela fonctionne», annonce la professeure à l'Université d'Harvard Ya-Chieh Hsu, l'une des autrices de la recherche.
Des dommages permanents
Dans l'expérience, le stress aigu a épuisé toutes les cellules souches mélanocytaires des souris –également présentes chez l'être humain– en seulement cinq jours. Leur pelage est passé d'un brun foncé à un gris parsemé de poils blancs.
«Normalement, le système nerveux sympathique est un système d'urgence bénéfique et ses effets sont censés être réversibles», explique Ya-Chieh Hsu. Mais ici, ce système nerveux épuise de façon permanente la population de cellules souches dans les follicules pileux.
Ces dommages pourraient cependant être prévenus en amont. Dans une autre expérience, les scientifiques ont découvert qu'il était possible de bloquer ce changement de couleur en donnant aux souris un médicament traitant l'hypertension artérielle, qui empêche la libération de noradrénaline.
Cette nouvelle étude est une étape importante vers la compréhension des conséquences du stress sur le corps. «Si nous pouvons en savoir plus sur la façon dont nos tissus et nos cellules souches changent à cause du stress, nous pourrons éventuellement créer des traitements qui peuvent arrêter ou inverser son impact néfaste», conclut le Dr Hsu.