Selon l’observation satellite, près de 2 500 nouveaux départs de feu ont été constatés en l’espace de 48 heures sur l’ensemble du territoire brésilien.
« Notre maison brûle », s'est inquiété jeudi Emmanuel Macron, qui compte imposer le sujet sur la table du G7 de Biarritz. Mais pendant que les dirigeants du monde prennent lentement la mesure de la catastrophe, l'Amazonie continue de partir en fumée. La situation est « hors de contrôle », dénonce notamment l'ex-ministre brésilienne de l'Environnement Marina Silva.
L'avancée des feux dans la plus vaste forêt tropicale de la planète est très difficile à évaluer. Mais l'Institut national de recherche spatiale (INPE), qui observe le phénomène vu du ciel, fait état de près de 2 500 nouveaux départs d'incendies en l'espace de 48 heures dans l'ensemble du Brésil. La déforestation, qui avance rapidement, serait la principale cause de ces feux.
Une pluie « grise » et une fumée polluée
« Je n'avais jamais vu une telle situation, c'est un épisode critique », estime de son côté la biologiste Marta Marcondes, en analysant des traces de la pluie du 19 août à Sao Paulo. Ce jour-là, l'Etat le plus peuplé du Brésil a subitement été plongé dans l'obscurité par une épaisse fumée et il a plu « gris » sur certaines contrées.
Les prélèvements présentent « une très grande quantité de particules fines », supérieure à la moyenne enregistrée dans des situations similaires, c'est-à-dire un épisode pluvieux après plusieurs jours de sécheresse. Marta Marcondes se dit aussi « effrayée » de l'odeur de bois brûlé dégagée par les particules et l'aspect trouble des échantillons.
Des animaux brûlés vifs
« Le nuage de fumée nous pourrit la vie », raconte ce vendredi Roberto dos Santos, un motard qui a vu comment les incendies bouleversaient le quotidien de Porto Velho, capitale de l'Etat amazonien de Rondônia. La concentration de fumée y a engendré des détournements de vol. « Le matin, on ne peut même plus voir les voitures. Ma fille est tombée malade, j'ai dû l'emmener aux urgences. Des animaux brûlent vifs dans la jungle, certains fuient vers la ville pour y trouver refuge », poursuit cet habitant désemparé.
L'image d'un pompier de l'Etat de Mato Grosso en train de donner à boire à un tatou assoiffé, sur une terre ravagée par les flammes, a d'ailleurs fait le tour du web.
Sur les réseaux sociaux, le sort de l'Amazonie inquiète nombre d'internautes. Certains relaient d'impressionnantes photos et vidéos sur les réseaux sociaux avec les hashtags (mot-clé) #ActForTheAmazon ou #PrayforAmazonia. Au risque parfois de partager sans le savoir des images d'archive, comme Emmanuel Macron lui-même...
Avec #ForaSalles, de nombreux Brésiliens demandent aussi la démission de l'actuel ministre de l'Environnement, Ricardo Salles, qui avait minimisé la crise en début de semaine.
Le président Jair Bolsonaro avance, lui, que « les plus forts soupçons pèsent sur les ONG ». D'autres accusent justement ce climato-sceptique d'être à l'origine des feux pour mener à bien des projets sur ces terres. Ou du moins de laisser faire, à l'image de l'ex-ministre Marina Silva qui assure que le Brésil a pourtant le savoir et la « technologie » pour maîtriser les feux.