Des chercheurs ont découvert un groupe de « rochers » en plastique sur une île isolée au large du Brésil. Une découverte similaire avait déjà été signalée en 2014 à Hawaï, le plastique fondu s’étant entrelacé avec des roches. Selon les chercheurs, il s’agit d’une preuve supplémentaire de l’influence croissante des humains sur les cycles géologiques de la Terre.
Image d’entête : une roche composée de plastique ou ”plastistone” trouvée à Hawaï en 2014. (Patricia Corcoran)
Bien qu’elle soit considérée à tort comme un nouveau type de roche, la « roche plastique » ou “plastistone” n’est en fait pas une roche. Il s’agit d’un nouveau type de conglomérat fabriqué en partie à partir de plastique. Ils présentent des caractéristiques de texture similaires à celles d’une véritable roche, décrite donc pour la première fois en 2014 à Hawaï, formée par la fonte de plastique dans des feux allumés par l’humain.
Cette semaine, des chercheurs ont rapporté dans un article pour Reuters (lien plus bas) la découverte de ces roches plastiques sur Trindade, une île située à 1140 kilomètres de la côte brésilienne. L’île est l’un des sites les plus importants pour la conservation de la tortue verte (Chelonia mydas), une espèce menacée. Les seuls habitants de l’île, outre les tortues, sont les membres de la marine brésilienne. Les rochers en plastique ont été trouvés le long de la plage. Ils se forment lorsque les débris de plastique rejetés sur le rivage se décomposent et se mélangent aux roches volcaniques de l’île. Selon Fernanda Avelar Santos, l’un des chercheurs de l’université fédérale du Parana à l’origine de ces découvertes, ces débris proviennent principalement de filets de pêche, une forme courante de débris sur l’île.
Selon Mme Santos, faisant référence à une proposition d’époque géologique définie par l’impact de l’humain sur la géologie et les écosystèmes de la planète :
Nous parlons beaucoup de l’Anthropocène, et nous y sommes. La pollution, les déchets dans la mer et le plastique déversé à tort dans les océans deviennent des matériaux géologiques conservés dans les archives géologiques de la Terre.
Cette découverte montre l’ampleur de la pollution plastique dans le monde. La plupart des plastiques finissent dans les décharges et une petite quantité est recyclée, mais environ 8 millions de tonnes de plastique pénètrent dans la mer chaque année. Les courants océaniques le répartissent ensuite dans le monde entier. Il est donc possible que les rochers en plastique se trouvent également à d’autres endroits.
Des millions d’animaux sont tués chaque année par le plastique, et 700 espèces sont connues pour avoir été affectées par cette substance. La plupart des décès sont dus à l’enchevêtrement ou à la famine. Les phoques, les tortues et d’autres animaux sont étranglés par le matériel de pêche ou d’autres objets plastiques. Des microplastiques ont été trouvés dans plus de 100 espèces que les humains consomment ensuite.
Les chercheurs brésiliens ne savent pas encore quelle est l’importance des roches plastiques pour l’environnement. Toutefois, de précédentes études ont montré que le plastique brûlé peut présenter une forte concentration d’éléments potentiellement toxiques, tels que le plomb, provenant des pigments utilisés pour teindre le plastique. Cela pourrait être une très mauvaise nouvelle pour les tortues vertes.
L’étude publiée dans le Marine Pollution Bulletin : Plastic debris forms: Rock analogues emerging from marine pollution et présentée sur le site de l’agence de presse Reuters : Brazilian researchers find ‘terrifying’ plastic rocks on remote island.